Raúl Amérigo Torralba, Asia Pacific Regional Manager de CONTENUR, explique la situation actuelle du pays, papier et papier que CONTENUR joue sur le territoire.

– L’économie émergente de l’Asie en fait un continent attractif qui offre de grandes opportunités pour le secteur des déchets : quelles sont, selon vous, les tendances du marché asiatique et comment CONTENUR peut-elle en bénéficier?

R: L’Asie est un continent gigantesque, avec une multitude de pays à des stades de développement très différents. Il ne faut donc pas considérer l’Asie comme un marché unique, mais comme des marchés multiples, dans la majorité desquels le secteur est encore très peu développé. Il existe un certain nombre d’exceptions, notamment Singapour, la Malaisie, Taïwan ou la Corée du Sud, avec leurs particularités, mais où la conteneurisation est déjà plus ou moins présente. Et puis il y a la Chine, bien que la politique protectionniste du pays rend extrêmement difficile l’entrée d’une entreprise industrielle étrangère sans constituer un joint-venture avec un fabricant local. D’autre part, il y a le Japon, un pays qui, bien qu’il soit parmi les plus développés du monde, n’a jamais misé sur la conteneurisation des déchets pour des raisons liées à l’urbanisme et à l’idiosyncrasie, et a choisi d’autres solutions. L’aspect le plus attractif pour CONTENUR dans la région, outre le développement de notre part de marché dans des pays comme Singapour ou la Malaisie, est de contribuer au phénomène de la conteneurisation dans les pays en développement qui connaissent une croissance très rapide comme l’Inde, les Philippines, la Birmanie ou l’Indonésie. Dans ces pays, on observe une tendance croissante à l’utilisation de conteneurs pour les déchets solides urbains, pour l’instant presque exclusivement au moyen de bacs à chargement arrière (dans de nombreux cas, ils sont encore collectés manuellement) et dans les zones urbaines plus développées et plus attrayantes.

– Avec près de 4,5 milliards de personnes en Asie et la quantité de déchets qu’elles génèrent, quelles sont les mesures de recyclage que vous pensez pouvoir mettre en œuvre sur le continent ?

R: Comme nous l’avons indiqué, le niveau de développement de chaque pays asiatique est très inégal. Les seuls marchés où le tri à la source avec différentes fractions est déjà pratiqué sont la Corée du Sud et le Japon, bien que la méthodologie utilisée diffère considérablement de ce que nous avons l’habitude de voir en Europe. Ensuite, il y a un certain nombre de pays où il existe uniquement une double division entre déchets « recyclables » et « non recyclables », comme c’est le cas à Singapour, à Taiwan et dans plusieurs pays du Moyen-Orient (Émirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Oman…). Outre ces quelques exceptions, le reste des pays fonctionnent encore avec une seule fraction qui englobe tous les déchets. Dans certains endroits, les gouvernements ont fait des tentatives bien timides de séparer la fraction recyclable de la fraction ordures ménagères, mais ils ne sont pas encore parvenus à la normaliser parce que, en général, il ont d’autres priorités. Selon moi, cette étape est décisive et absolument fondamentale, car sinon, il ne sera jamais possible d’établir un flux ordonné et responsable de gestion des déchets qui se traduise par le bien-être des personnes et, en fin de compte, par l’amélioration de la qualité de vie de tous ces pays.

– Selon plusieurs médias, l’Asie est l’un des continents où l’on jette la plus grande quantité de déchets dans la mer, pourquoi ? Les systèmes de conteneurisation ne sont-ils pas suffisamment nombreux pour un meilleur recyclage ?

R:La réponse à une question aussi importante est très complexe, car il n’y a pas de cause unique. En effet, certains pays asiatiques figurent parmi ceux qui polluent le plus les mers, et ce pour plusieurs raisons. La première et la plus fondamentale, c’est qu’il s’agit de pays en développement, dont beaucoup sont industrialisés depuis peu, qui ont donc la capacité industrielle de produire toutes sortes de biens de consommation, mais dont les citoyens et les entreprises n’ont pas encore un sens développé des responsabilités sociales et environnementales. Ce n’est pas surprenant, puisque la même chose s’est produite en Europe après le boom de la révolution industrielle et qu’il nous a fallu beaucoup de temps pour inverser la situation. Il est donc raisonnable de penser que les pays asiatiques mettront également un certain temps à réagir. Dans l’histoire de l’humanité, le développement économique a toujours pris le pas sur le souci de l’environnement et, en ce sens, je ne connais aucun lieu qui puisse se vanter du contraire. D’autre part, il est essentiel pour le changement que les différents gouvernements prennent au sérieux les questions environnementales, et il y a encore à cet égard beaucoup de progrès à faire. Cependant, peu à peu, de petites améliorations sont constatées, et je suis convaincu que tôt ou tard le changement finira par se produire. Et, bien entendu, la multiplication des systèmes de conteneurisation sera décisive pour améliorer la situation actuelle, ce qui est la principale raison pour laquelle CONTENUR mise sur sa présence dans la région.

– Aujourd’hui, différents essais pilotes sont en cours avec des modèles à chargement latéral, quel est leur avenir sur le continent?

R:  L’essai pilote que nous avons mené à Singapour a été un succès, il n’est donc pas déraisonnable de penser qu’il deviendra un facteur clé pour la rationalisation et la durabilité de la gestion des déchets solides du pays dans un avenir très proche. De même, s’agissant de l’un des pays les plus développés et les plus importants d’Asie, nous pensons qu’il offre le cadre idéal pour que d’autres pays de la région comme la Chine, la Corée du Sud, etc. puissent constater par eux-mêmes les avantages de ce système révolutionnaire de collecte des déchets. Je pense qu’à moyen terme, le chargement latéral va réussir à s’imposer comme l’un des systèmes de référence pour les municipalités et les entreprises de services de nombreux pays asiatiques, en particulier ceux qui veulent établir une collecte plus efficace, plus rapide et plus sûre.